Espace de ressourcement des HUG: un projet Bertrand Levrat et Jérémy Dunon
Quatre lieux en un, une frontière unique, entre islam, judaïsme, christianisme, et tout simplement, humanisme. Mais encore, voyons-nous se dessiner dans cet endroit mystique, un horizon sans limites, dans lequel, souffrance et liberté, bâtissent notre paysage intérieur. Mettons une dernière main spirituelle contre le prosélytisme, le racisme et l’antagonisme. L’homme est une création universelle, au cri étouffé de désespoir et de joie, sous l’emprise de l’inconscient. Il n’implore au fond de lui, qu’écoute, répartition et accompagnement.
Lorsque nous franchissons la porte de l’espace interreligieux de ressourcement des HUG, unique dans toute la Suisse, une autre grande histoire commence à se révéler, à l’instar d’une deuxième naissance. Tout se tisse dans notre esprit, tout semblerait continuer en recommençant, en évoluant, par le bon chemin. C’est au cœur de cet univers, que tout notre être peut se reconstruire dans la paix, l’amour et le partage. Le royaume du silence est bien plus éloquent que ce que l’on croirait…
À travers ce recueillement aux connotations religieuses, dans le calme et la discrétion, se hisse un ressourcement, dans le doux murmure pluraliste de nos valeurs, donnant naissance à la véritable mosaïque de la vie.
L’espace de ressourcement des HUG, nous invite à réfléchir au thème de l’orientation, une finalité parfois égarée dans le sentier de l’existence. Le passage dans ce lieu, dégage une atmosphère presque divine et nous incite à réfléchir un instant, à notre souffrance et à notre dimension sacrée.
La maladie, avec la souffrance physique et morale qu’elle engendre sur notre « moi », mais aussi sur notre « toi »; dans cet univers aux limites effacées, et dont le simple mirage aurait encore le pouvoir de nous redonner confiance de ce que l’on est, que l’on a été et que l’on voudrait devenir, inconsciemment, redevenir.
Les quatre alvéoles qui nous entourent, nous murmurent, nous guident, nous accordent une minute, une demi-heure, une heure, ou juste, le court instant de toute une vie. Cet instant dont on porte toujours les stigmates au fil du temps et que l’on croirait figé et perdu ! Les objets symboliques et les projections d’images, représentant les différentes religions et l’humanisme, nous unissent dans toute notre dimension profonde.
Nous devenons soudain le cœur et le rédacteur de cet univers d’observation, dans lequel nous avons peut- être été l’acteur malade un jour, saisissant désormais, un regard guérisseur et empathique, presque instantané. Cette illusion aussi réelle que sa mesure, semblerait à l’instant, matérialiser des absolus et nous devenons, comme par enchantement, les maîtres de l’espace et du temps. La vie nous ouvre séance tenante, une porte, puis une deuxième, une troisième, une quatrième, et bien d’autres encore. Une porte d’entrée commune et ouverte, nous laisse rejoindre ce lieu spirituel, exempt de toute propagande idéologique. Le chemin de la liberté et de l’ascension commence…
À droite, l’espace musulman avec sa mosaïque évolutive, proclamant l’hymne à la vie. À gauche, la nature et la mer de nuages, nous remémorent notre présence au monde. Dans ce paysage berceur, une petite maisonnette illuminée, nous inviterait presque à rentrer, pour partager ensemble, un modeste repas. Plus loin, l’espace chrétien, avec sa croix à atteindre au sommet de la colline, surmontant les multiples chemins de la vie avec ses aléas de parcours. Arrivé au but, tout chrétien réalise ses propres repères: ses capacités, ses valeurs, ses passions et désirs. Il faudra faire la concession de se retourner de temps à autre, pour que l’expérience du vécu et de la souffrance, puisse nous faciliter le chemin présent et futur de la libération. Puis, l’espace israélite dont les bougies scintillantes évoquent la lumière triomphante et glorieuse de la vie, rescapée des ténèbres qui l’ont obscurcie.
De cette composition aux symboles interreligieux et spirituels, ranimant l’histoire de l’homme, fusionnent deux pôles incontournables, se croisant par rotation sur eux- même, au centre de l’axe vertical et horizontal, sur lequel nous nous trouvons en tant qu’observateur assoiffé d’accomplissement. Ce mouvement spirituel, nous remémore la mesure du temps, de l’espace, et de ce grand-chef d’œuvre que nous sommes, au cœur de l’univers:
Le choix de continuer dans la conscience et l’obligation de subir, s’arrêtant un moment, dans l’inconscience. N’oublions jamais que nous demeurons les seuls atomes responsables de cette matérialisation de l’esprit…
«Pour vivre un espace grand à l’intérieur de soi, il faut bénéficier d’un espace grand autour de soi» déclare Jérémy Dunon (Aumônier aux HUG), suite à un travail de cinq ans de recherche, à travers le monde entier, pour aboutir à ce grand projet. Il ajoute «Je voulais que chacun puisse bénéficier de l’espace sacré pour vivre sa spiritualité, et il fallait des sous-espaces pour que chacun puisse s’y retrouver. Bertrand Levrat (Directeur Général des HUG), est un humaniste convaincu, avec le souci de la paix religieuse. Il a tout de suite appuyé ma recherche, lorsque je lui ai expliqué, que le dialogue interreligieux était primordial, pour répondre aux exigences spirituelles de chacun.»
Jérémy Dunon et Bertrand Levrat se sont préoccupés d’apporter, non seulement une organisation spatiale de ressourcement, au centre des HUG, mais encore de répondre à l’unisson, à notre demande personnelle d’organisation spirituelle.
La spiritualité aide à mobiliser nos énergies intérieures, et à mieux vivre le temps de la maladie et des traitements. Elle permet au corps de trouver son unité pour mieux combattre ce qui nous avait été réservé…
«Nous sommes faits de souffle et d’esprit, pas seulement de chair et d’os» conclut Jérémy Dunon.
«Moi, l’Homme qui suis sur Terre, que ma volonté soit faite!»
Alexandra Spagnolo